Carnet de voyage : Projet "vautours en Israël"

Voici le carnet de voyage de mon séjour dans la réserve naturelle de Gamla, au nord d'Israël, où j'ai participé en tant que volontaire à un projet de surveillance des vautours.

Pour visualiser les photos, cliquer dessus.

Claire

8/01/2006

Le projet "Vautour en Israël"

Cette année, j'ai enfin réalisé un projet qui me tient à coeur : je suis partie faire un mois d'écovolontariat ! Le principe est simple : contre une contribution modique (souvent, il faut juste payer son voyage, le reste est pris en charge par la structure qu'on rejoint) on participe à une mission dans l'environnement. Le but est tout aussi simple : participer à la sauvegarde de l'environnement, agir pour la planète, acquérir des compétences techniques et scientifiques, découvrir d'autres pays et d'autres cultures, rencontrer des gens de tous horizons et se découvrir soi-même... Les projets peuvent être divers et variés, aider un berger à surveiller son troupeau dans les Alpes, reboisement au Bénin, aide à l'entretien d'un sanctuaire de gibbons à Bornéo...Ils sont ouverts à tous, la seule chose requise est une grande motivation ! J'ai choisi de partir tout le mois de juillet dans une réserve en Israël, pour participer à un projet de Surveillance des Vautours Fauves, à travers l'association A pas de Loup (http://www.apasdeloup.org/ ). Je vais donc passer un mois dans le Golan, au Nord Est d'Israël dans la réserve de Gamla (http://gamla.golan.org.il/ ) Pourquoi Israël, surtout en ces périodes de conflits ? Tout d'abord, le contenu du projet m'intéresse plus que d'autres. De plus, malgré les évènements, je me sentais plus prête à partir en Israël qu'en Indonésie ou au fin fond du Balouchistan... C'est mon premier vrai voyage toute seule aussi loin, je sais bien que ce ne sera sûrement pas toujours facile, autant y aller doucement !

Index du carnet

Mercredi 28 juin 2006 : Voyage aller

Jeudi 29 juin 2006 : Premier jour à Gamla

Vendredi 30 juin 2006 : Veille de Shabbat

Samedi 1er juillet 2006 : Shabbat

Dimanche 2 juillet 2006 : Old City

Lundi 3 juillet 2006 : coiffure pour percno et studio pour gecko !

Mardi 4 juillet 2006 : Marché, chouettes et Dalyiot Canyon

Mercredi 5 juillet 2006 : Envol, rescue et barbecue !

Jeudi 6 juillet 2006 : Dodo, repos, dodo !

Vendredi 7 juillet 2006 : "I'm a poor lonesome cow-girl, and a long far way from home"

Samedi 8 juillet 2006 : Petite journée, lézard et chichoumée !

Dimanche 9 juillet 2006 : gazelle et sauterelle, sandales et football

Lundi 10 juillet 2006 : dodo, photos et problèmes d'auto...

Mardi 11 juillet 2006 : cascades, balade et rigolade

Mercredi 12 juillet 2006 : Explications, ébullition et mijotation

Jeudi 13 juillet 2006 : Aléas, pizzas et Hezbollah

Vendredi 14 juillet 2006 : bombardements, damans et tristes évènements...

Samedi 15 juillet 2006 : habitudes et inquiétudes...

Dimanche 16 juillet 2006 : Adieux

Lundi 17 juillet 2006 : Voyage retour

Albums photos

Le fonctionnement des observations

Mercredi 28 juin 2006 : Voyage aller

Après une nuit plutôt courte et agitée, me voilà à 5h du matin dans le hall de l’aéroport. L’enregistrement me confirme que mon sac est tout pile dans les limites : 19,6 kg (pour 20 autorisés). Normal, j’ai tout les bouquins, appareils photos et objectifs dans mon sac à dos, qui doit bien faire 5 ou 6 kg lui !
Passage de la douane avec mon passeport tout neuf et une grosse boule au ventre. Mais qu’est ce qu’il m’a donc pris de partir aussi loin, aussi longtemps ? Trop tard pour reculer maintenant…
Le premier avion pour Frankfort est un petit coucou de ligne régulière, pas beaucoup de monde et principalement que des hommes d’affaires, avec quelques touristes en départ pour des destinations lointaines. Arrivée à Frankfort, immense fourmilière, j’en prends déjà plein les yeux ! Toutes sortes de nationalités et de costumes traditionnels se mélangent devant les portes d’embarcation (ou dans la salle du Mac Do). Je suis donc les ultras orthodoxes, ça m’aidera à trouver ma porte. A l’entrée d’un couloir, un panneau en hébreu, des consignes de sécurité en hébreu et anglais et un nième contrôle de sécurité. Pas de doute, je suis arrivée à la bonne porte !
La salle d’embarquement est à part, après de nombreux couloirs. Je ne sais pas combien de kilomètres j’ai déjà marché, mais un bon paquet !!! Déjà quelques particularités : un rideau sépare une zone de la salle d’attente pour les femmes, un paravent cache l’accès des sanitaires…
La salle se remplit… Principalement des familles juives qui rejoignent leurs familles pour l’été, pas mal de jeunes juifs orthodoxes également. Quelques hommes d’affaires, quelques touristes, dont un groupe d’une vingtaine de malaisiens partant visiter les lieux saints.
C’est l’heure de la prière (je pense celle de midi, j’ai essayer de comprendre comment marche les calendriers de prière et c’est terriblement compliqué ! Il est seulement 10h, m ais cela n’a rien à voir…), je ne peux qu’observer les coutumes… La mise en place des téfilines (morceaux de parchemins placés une petite boîte et attachés à l’aide de lanières sur l’avant de la tête et sur le bras (d’après http://www.jewpedia.com), du Talit (châle de prière à franges (appelées Tsitsit)) sur l’arrière de la tête et les épaules… Un rabbin présent propose une prière « collective » tandis que certains préfèrent prier seuls dans leur coin, face à un mur ou à une colonne de béton… A nouveau, gros moment de doute, je suis pas au mieux de ma forme, dirons nous… Plein de trucs dans ma tête et très peu dans mon ventre, où le pauvre petit pain Lufthansa joue au ping-pong tout seul… Enfin, l’embarquement commence… C’est bien sûr le bordel, tout le monde se précipite alors que la pauvre employée essaye de faire comprendre qu’ils commencent par le fond de l’avion… Je m’en fiche, je suis à l’avant-dernier rang, donc je peux y aller. Mauvaise surprise, j’avais demandé une fenêtre, et je me retrouve dans le couloir… C’est déjà moins pire que d’être en plein milieu du rang central mais bon ! En espérant que mon voisin ou ma voisine sera d’accord de changer ! Finalement, mon voisin allemand faisant régulièrement le trajet pour bosser à Tel Aviv, je m’assois à la fenêtre… Enfin, à proximité, vu qu’il y a l’espace de presque un siège entre la fenêtre et moi, très pratique pour regarder dehors… A l’heure prévue du vol, encore plein de gens sont debout et cherchent leur place. La plupart ont des valises à roulettes, il n’y a donc pas assez de place pour tous les ranger, ça piaille, des gamins pleurent, bref, le vrai avion de départ en vacances ! Finalement, tout le monde est rentré, mais l’avion ayant pris un peu de retard, on doit attendre que la piste soit libre pour faire partir notre Boeing ! En vol, après le traditionnel film des consignes de sécurité, nous avons droit à l’apéro et aux nouvelles à la télé… Résumé de match de foot, pub Lufthansa, puis le film, une belle daube comme on en trouve que dans les avions : Treize à la douzaine 2 ! Le repas arrive en même temps, c’est encore toute une histoire entre les repas casher, hallal ou normaux ! Le plat normal est digne d’un repas d’avion, pas terrible, mais ça occupe…La mer de nuage fait place à la plaine du Danube puis aux îles grecques.
Je discute un peu avec mon voisin, en mélangeant allemand et anglais… Pourquoi les mots en allemand me viennent toujours en anglais et vis versa ??? Ça promet pour la suite... Enfin, la côte israélienne est en vue.
Nous atterrissons à Tel Aviv avec une bonne demi-heure de retard. Comme seule la sortie avant est ouverte, il faut encore une bonne vingtaine de minutes pour que je puisse avancer. A peine sortie du « tube », je suis abordée par une policière…Ça commence ! Question sur le but de mon voyage en Israël, si c’est la première fois, pourquoi Israël et pas ailleurs, est-ce que je sais où je vais, est-ce que je connais les personnes à la réserve, est-ce que je leur ai déjà parlé ? Tout ça sur un ton très peu aimable ! Je suis super stressée et déboussolée, j’avais pas besoin de ça… Finalement, elle me laisse repartir. Je passe alors à la douane… Là aussi, une douanière me pose une foule de questions du même style, mais aussi, pourquoi les oiseaux, c’est des gros oiseaux ou des petits oiseaux… Elle est un peu plus sympa, mais je n’ai pas le temps de demander mon visa sur une feuille volante que mon beau passeport tout neuf est tamponné ! Et me voilà interdite de voyage pour 10 ans en Algérie, Bahreïn, Liban, Libye, Syrie, Iran, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Koweït et Cie… Après quelques kilomètres dans l’aéroport tout neuf et gigantesque, je récupère ma valise au milieu de dizaines d’énormes valises… Chaque famille a au minimum 5 valises monstrueuses, mon sac a l’air tout petit au milieu ! Je sors enfin de l’aéroport. Il y a du monde qui attend mais je repère rapidement une feuille de papier avec mon nom et le sigle des réserves naturelles israéliennes. Je fais la connaissance d’Elika, un des rangers de Gamla, et de Sonia, une des deux autres volontaires françaises qui devait venir à Tel Aviv pour prolonger son visa. Après avoir casé mon sac sur la plateforme arrière du 4*4, nous partons en direction du Nord. Les routes sont toutes neuves, les voitures très récentes et nous longeons des zones commerciales regorgeant de magasins flambant neufs. Après IKEA, Office Dépôt et une brasserie Heineken, nous nous arrêtons rapidement chez les parents d’Elika où il récupère des affaires. Le 4*4 est plein, nous partons pour Qazrin en traversant un bon morceau d’Israël. Les paysages sont magnifiques, on passe de la garrigue aux champs de maïs, en passant par le bord de mer et les marais. Après avoir longé le lac Tibériade sous le coucher du soleil, avec ses plantations de manguiers et de bananier, je découvre les plateaux arides du Golan. Nous nous arrêtons au QG de Yehudya, une grande réserve à côté de Gamla, où se trouve l’administration des réserves du coin, avant d’aller à Qatzrin. Elika nous dépose à l’appartement et je découvre où je vais vivre pendant un mois. Nous sommes que trois donc il est plutôt spacieux, même si l’équipement est un peu bric-à-brac ! La soirée sera courte, je suis crevée et demain, il faut se lever tôt pour aller à Gamla !

Jeudi 29 juin 2006 : Premier jour à Gamla

Finalement, nuit difficile… Après un réveil dû au téléphone vers 23h, pas moyen de se rendormir rapidement ! Réveil à 6h30, ça fait un moment que je me tourne et retourne dans mon lit. Petit déj’ pita avec du miel et thé vert sur la terrasse avec Sonia et Alexandra avant de partir pour Gamla. Elika passe nous prendre à 7h30. Il fait déjà chaud, mais il y a du vent, c’est donc supportable. Nous arrivons à la réserve un peu avant 8h, après s’être arrêté au bord de la route pour un chacal accidenté. Plus rien à faire pour lui, mais nous voyons deux autres individus qui s’enfuient sur la colline voisine. En arrivant à Gamla, nous ouvrons la grille de la réserve. Et oui, les réserves, ici, c’est un peu particulier, c’est pourquoi j’en ferais un article spécial. Sonia me fait visiter les lieux...
Tout est très organisé. Passé la barrière/caisse d’entrée, où se trouve la table où nous nous retrouvons, on trouve deux parkings, bus et voitures, un bureau de travail pour la réserve, avec accolé, un espace ouvert de stockage, cage pour oiseaux malades etc. Un peu plus loin, on trouve le kiosque d’Itzhak, qui vend de tout, avec quelques tables pour le public sous un toit et un bloc sanitaire. Nous faisons ensuite le tour « touriste », qui est fait par la plupart des visiteurs. C’est le tour de la « pointe » du plateau, sans descendre dans la gorge. On voit d’abord les ruines d’origines byzantines, qui ont été utilisées jusqu’en 1977 par un village syrien. puis l’observatoire d’où l’on a une belle vue sur la gorge de Gamla et un peu plus loin, un belvédère d’où l’on voit la vieille cité de Gamla et jusqu'au lac de Tibériade (Kinneret en hébreu).
Nous retournons après à l’accueil, où nous retrouvons les autres. Je fais la connaissance d’un autre ranger, Alev. Avant de partir en observation, nous buvons un café, ou un thé. Pour moi, ce sera tisane à la menthe (nana en hébreu). J’ai du mal à parler en anglais, même le français c’est dur ! Vers 9h30, je pars avec Sonia en observation. Il y a 8 nids avec des jeunes à observer quotidiennement, certains d’entre eux devraient bientôt s’envoler, ce qui est un évènement. Vu la répartition des nids encore actifs, il y a deux sites d’observation : l’un s’appelle Old City, vu qu’il se trouve à proximité de la vieille cité juive et l’autre Other Side, car situé de l’autre côté de la gorge, tout simplement ! Nous prenons chacune une longue vue, de l’eau en quantité et des fruits pour le goûter. Il y a environ une demi-heure de marche jusqu’au premier nid. En chemin, j’en prends pleins les yeux et les oreilles : oiseaux, traces, plantes... Après avoir traversé la rivière juste en amont de la cascade, nous nous arrêtons pour observer le premier nid, Peace. Les nids sont nommés par leur découvreur et numérotés, et par extension, nous appelons le poussin du même nom ! Peace est très calme, comme souvent et Sonia en profite pour m’expliquer le fonctionnement des observations. Pour ceux que ça intéresse, je détaille un peu plus ici : Le fonctionnement des observations.
En partant pour le lieu d’observation suivant (il y en a trois de ce côté de la gorge), nous voyons une gazelle mâle qui se découpe sur la crête. Superbe… Le deuxième arrêt, le plus lointain, est plus amménagé : une structure métallique recouverte de toile noire sert d’abri pour le soleil, ce qui est bien agréable quand le soleil tape, c’est-à-dire, tous les jours ! D’ici, il y a trois oiseaux à observer, Elal, Balconi et Spits2A qui sont les plus âgés. D’ailleurs, le premier, situé juste en face de l’endroit où nous sommes devrait bientôt s’envoler. Il nous donne des espoirs car il est très actif et fait de nombreux exercices d’ailes, au bord de la falaise, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui ! Nous restons un moment, ce qui me permet d’observer les allées et venues des vautours, mais aussi de percnoptères, de circaètes Jean-le-Blanc et d’aigles de Bonelli, dont un couple niche dans la falaise. Enfin, nous allons au troisième arrêt, celui du milieu. Il y a également trois oiseaux : Ginger, Jeila et No Name. Avec la chaleur et le soleil du milieu de journée, ils sont tous les trois allongés à l’ombre. Après une petite frayeur dûe à une couleuvre fonçant droit sur nous, nous rentrons à la réserve, observant au passage un caméléon ! Il est presque 14h. Nous mangeons tard. Dans l’après-midi déjà bien entamée, nous ne faisons pas grand-chose. Vers 17h, nous rentrons sur Qatzrin où Elika nous dépose au centre commercial. La ville est très récente, elle a été construite en 1977 et l’organisation est donc assez particulière, comme on peut le voir sur les images aériennes : quartiers résidentiel, centre commercial et bâtiments culturels et administratifs regroupés, zone industrielle à l’écart. Nous faisons quelques courses. Autant l’on arrive toujours à trouver des gens parlant anglais, autant dans les rayons, tout est en hébreu ! Il faut parfois se fier à l’aspect du produit dans le paquet ou aux dessins sur les emballages pour savoir quoi acheter ! En tout cas, la nourriture ressemble bien plus à celle qu’on trouve dans un magasin allemand qu’espagnol ou tunisien. Nous rentrons vers 18h. Je suis bien fatiguée, beaucoup de découvertes aujourd’hui, c’est pas facile de prendre ses repères dans un environnement si différent !

Vendredi 30 juin 2006 : Veille de Shabbat

Ce matin, réveil toujours tôt. Nous partons à 7h30. A Gamla, je fais la connaissance de Shmulik, un des plus anciens rangers et Silvi, qui s’occupe de la caisse. Tout le monde est vraiment très sympa. Je pars à nouveau avec Sonia pour Other Side. Nous observons les mêmes nids mais cette fois, je m’occupe du relevé. Comme nous sont seules, nous devons nous installer à un autre endroit afin de pouvoir observer Spits2A plus facilement. Il fait vraiment chaud, mais il y a heureusement beaucoup de vent, ce qui rend la position en plein soleil plus supportable. Je fais quelques photos de vautours, ils volent très près de nous !
Nous espérons toujours et encore que Elal s’envole, sans résultats. En rentrant, nous allons à l’observatoire afin d’observer le nid Shmulik, où l’on trouve le plus jeune de tous, encore un poussin. Il n’y a donc pas beaucoup d’activité dans son nid et du fait qu’il y a beaucoup de vent, nous ne pouvons pas observer tranquillement, la longue-vue bouge trop. Nous retournons à la réserve et je m’occupe de rentrer les données dans l’ordinateur. Ce n’est pas compliqué, sauf que Exel est en hébreu, tout est donc inversé ! Nous rentrons plus tôt à Qatzrin, c’est shabbat et la réserve ferme donc une heure plus tôt. Je me retrouve seule et Silvi me propose de venir chez elle pour me changer les idées. Shiran, un ranger de Yehudya passe me prendre pour me déposer chez elle. Comme c’est shabbat, son fils rentre pour le week-end. Nous discutons un bon moment avant le repas. Elle insiste pour que je partage Seouda rishona, le repas du vendredi soir. Il y a beaucoup à manger : du taboulé, du poisson à la marocaine avec des pois chiches et du piment, des plats de légumes, du riz, du poulet rôti et des escalopes de viande cuite avec des pommes de terre. Il paraît que c’est de la dinde, mais comme les viandes sont casher et cuisinées de manière spéciale, c’est difficilement reconnaissable ! Le fils de Silvi me raccompagne en voiture (comme quoi, on peut faire les prières et bénédiction, le gros repas de shabbat mais conduire et regarder la télé quand même !). Il est tard, je suis épuisée et je m’endors immédiatement.

Samedi 1er juillet 2006 : Shabbat

Ce matin, je suis seule à l’appartement, je peux donc me lever un peu plus tard. C’est Ofir, un autre ranger qui vient me chercher avec Silvi. Après les rituels matinaux (thé, brossage de dents, fruits et compagnie), je pars avec Alexandra pour Other Side. Nous faisons la tournée habituelle des nids. Surprise, nous sommes dérangés par des touristes venus sans gène voir la vue de ce côté-ci, malgré les panneaux d’interdiction : nous sommes dans une zone de tir militaire, seules les venues pour l’observation des nids sont tolérées ! Alexandra s’y connaît très bien en oiseaux, je découvre donc d’autres espèces lors de nos déplacements, comme le cochevis huppé.
Nous observons aussi une famille de sanglier de loin, de l’autre côté de la gorge. Le mâle est tellement gros, que je crois d’abord que c’est une vache ! Il faut dire qu’ici, les sangliers ne ressemblent pas vraiment aux nôtres, et que l’élevage bovin est extensif, on voit parfois des bêtes qui se promènent en pleine nature ! Nous retournons observer Shmulik depuis l’observatoire puis nous rentrons car nous sommes attendus pour manger. Après le repas, je discute un moment avec Shmulik et Silvi au sujet des différences entre les réserves israéliennes et françaises. Nous parlons également réintroduction d’espèces, quelque chose qui n’existe encore pas en Israël et de la météo : entre avril et novembre, il ne pleut quasiment pas ! Après avoir essayé de me débrouiller sur l’ordinateur, nous rentrons à Qatzrin. La soirée est dure, les gens sont très gentils, je découvre plein de choses, mais j’ai du mal à m’adapter et j’ai peur de me lasser des observations : les vautours sont très intéressants mais au bout de 2-3h, j’en ai assez ! Et c’est ce que je vais faire pendant 25 jours, seule la plupart du temps !

Dimanche 2 juillet 2006 : Old City

Ce matin, dur dur de se lever pour tout le monde ! Pourtant, je me suis couchée tôt. Nous partons comme d’habitude. A Gamla, je rencontre Ira, le manager de la réserve. Après les rituels matinaux, je pars avec Alex pour le site d’observation de Old City. Nous nous installons à l’ombre d’un pistachier pour observer Spits2A, Shmulik et un nid de percnoptère avec deux petits qui sont plutôt actifs. Nous voyons aussi Elal, qui s’est posté au bord de la falaise, nous laisse espérer que c’est le bon jour mais non ! La vue sur la gorge de Gamla est magnifique.
Nous remontons vers 13h30, il fait très chaud et le chemin en grosses marches de basaltes grimpe sec. Pas facile en plein soleil, surtout avec le poids de la longue vue ! Nous discutons un moment avec Ira, qui nous parle des projets qu’il a (faire une « food station » pour y placer des carcasses au lieu de les laisser dans la nature où elles nourrissent surtout les chacals et les loups, ce qui fait que les paysans les empoisonnent). La fin de la journée est classique, nous ne faisons rien de spécial.

Lundi 3 juillet 2006 : coiffure pour percno et studio pour gecko !

La journée s’annonce semblable aux autres… Mais non ! Peretz, un autre ranger, amène un vautour percnoptère qui a été capturé. Nous allons le marquer pour le reconnaître puis le laisser dans la grande cage au bord de la falaise pour voir son état avant de le relâcher. Il est déjà bagué, et Ira veut donc utiliser… du produit décolorant pour cheveux !!!! Heureusement que Sonia est là pour savoir comment préparer la mixture. Nous partons donc pour la cage. Sonia s’occupe des « mèches » tandis que Ira tient le vautour. Je suis chargée de faire quelques photos : bagues, avant/après, émetteur de télémétrie... Le vautour a une tête bizarre, en fait, c’est un albinos (oui, je sais, les vautours ont de toute façon des têtes bizarres).
Pendant ce temps, Shmulik s’occupe d’une carcasse de veau apportée congelée hier. Elle a décongelé, il faut donc découper la peau pour mettre en évidence les meilleures parties à manger ! Après le temps de pause, nous rinçons les plumes et laissons le vautour observer tranquillement son nouvel aspect (il n’a pas l’air traumatisé par ses plumes blondes, c’est déjà ça !)
Nous partons un peu plus tard pour Other Side. Il fait plus chaud que les autres jours et les vautours sont calmes. Elal n’a toujours pas décidé de s’envoler, mais il nous la joue « Indiana Jones » en partant à la découverte de son étagère et des arbres voisins... Il faut dire qu’autour de son nid, ça devient surpeuplé : une quarantaine de vautours s’y trouvent à l’heure de l’apéro !
Un moment plus tard, une trentaine d’entre eux s’envolent quasiment en même temps. Magnifique à observer ! De notre emplacement, nous voyons dans la cage que le percnoptère vole et cherche à sortir. Ira décide donc de le libérer. Entre temps, une mauvaise nouvelle arrive : une carcasse empoisonnée ou médicalement traitée a été retrouvée. Nous restons donc plus longtemps, afin d’observer un éventuel comportement inhabituel. Le risque est que les parents se nourrissent de carcasse empoisonnée puis reviennent nourrir les petits. Des crises de gouttes peuvent être dues à un empoisonnement. La plupart des vautours que l’on observe ont des jabots importants, ce qui témoigne qu’ils ont mangé. En temps normal, c’est bon signe, là c’est un peu inquiétant ! Vers 14h, Shmulik nous relaye de l’autre côté de la falaise et nous pouvons donc rentrer. L’après-midi passe vite, et nous sommes vers 17h à Qatzrin, un peu plus tôt que d’habitude. Alex me montre la bibliothèque où je me connecte à Internet pour 3 NSI de l’heure (60 centimes). Ici aussi, l’ordinateur est en hébreu, IE aussi et le clavier en hébreu/russe/anglais ! En rentrant, je fais un peu de lessive : mon pantalon gris clair était VRAIMENT sale, la baignoire est toute noire ! Dire que je me balade en ville comme ça, alors que les filles israéliennes sont plutôt très pomponnées ! Le soir, je m’amuse à prendre des photos de notre ami Doudou, gecko de son état, qui se régale tous les soirs sous la lampe de la terrasse.
Ah oui, tiens, ce matin, je me suis retrouvée couverte de petits boutons sur les bras et les creux des genoux. Ça gratte !!!!!

Mardi 4 juillet 2006 : Marché, chouettes et Dalyiot Canyon

Le mardi, c’est jour de marché ! Nous nous réveillons donc à 6h pour avoir le temps d’y passer avant d’aller à Gamla. Il n’est pas grand, mais on trouve de tout, et surtout des montagnes de légumes et de fruits. Les prix ne sont pas affichés, mais c’est bon marché. Aubergines, courgettes, carottes, tomates, tout est au même prix ! Nous achetons aussi des graines de pastèques grillées et des pitas avant d’aller directement à Gamla, bien chargées ! Shmulik arrive avec un carton contenant deux jeunes chouettes en piteux état. Ils sont couverts de tiques et l’un des deux est mangé par des vers, c’est vraiment dégueu… Nous les nettoyons comme nous pouvons puis les traitons avec de la poudre pour chat et chien… Les moyens du bord quoi. Je pars ensuite avec Alex pour le Dalyiot Canyon, l’autre gorge de la réserve.
Peretz nous dépose au parking. Juste après la route, nous voyons un groupe de sangliers avec 6 adultes et une douzaine de marcassins, puis un peu plus loin, un mâle solitaire. Il n’y a personne dans ce secteur de la réserve. Nous nous arrêtons plusieurs fois pour observer des zones de falaise où il peut y avoir des nids puis nous nous installons sur un promontoire, face à la gorge. Nous cherchons principalement l’emplacement d’un nid de circaète Jean-le-Blanc. Durant deux heures, nous traquons les adultes en l’air en essayant de ne pas les perdre… Pas facile quand ils passent devant le soleil ou les falaises brunes ! Après les avoir perdu plusieurs fois, nous arrivons à repérer l’endroit potentiel mais le nid n’est pas visible. Nous observons aussi un couple de percnoptères qui s’étale devant nous au soleil et nous entendons une meute de chacals qui se met à hurler pendant cinq minutes juste en dessous de nous, sans réussir à les voir. Nous nous arrêtons ensuite une centaine de mètres plus loin pour observer un nid de percnoptère. Le poussin va bien et nous ne restons pas longtemps : pas moyen de s’asseoir, nous posons la longue-vue au milieu du chemin et en plein soleil, bref, pas envie de s’attarder ! Surtout que nous devons rentrer à pied à Gamla et qu’il y a ¾ h de marche en plein soleil ! En chemin, je ramasse des épines de porc-épic en essayant de ne pas me faire trop piquer par les carthames et nous avons la chance de surprendre de tout près une gazelle qui ne nous avait pas vu !
Nous rentrons tard et le bureau est occupé par une réunion avec plusieurs responsables… On ne va pas se mettre au milieu pour couper nos tomates, alors tant pis, on se contentera de pastèques et de biscuits en attendant ! Nous allons aussi nourrir le poussin de chouette survivant, le plus atteint est mort dans la matinée. Nous le forçons un peu pour qu’il avale des morceaux de souris et un peu d’eau. Il partira dans la soirée pour un centre de soin aux animaux sauvages. De retour à l’appartement, Alex a prévu de faire des gâteaux car nous sommes invités chez Shmulik demain soir. Mais pas de fouet et encore moins de batteur… Nous nous relayons pour battre les blancs d’œufs en neige à la fourchette !!!

Mercredi 5 juillet 2006 : Envol, rescue et barbecue !

Mercredi 5 juillet 2006 Réveil vraiment dur…Tellement que je ne l’entends pas ! J’arrive à me lever en me disant que demain, c’est « Day Off » pour moi, je pourrais dormir TOUTE la journée ! Ce matin, je descend à Old City avec Sonia (nous sommes trois pour deux sites d’observation, c’est pratique). Même si on est bien assis et à l’ombre, j’ai toujours un peu peur là-bas, il y a plein de hautes herbes, de buissons et de vieux murs, on ne sait jamais ce qui peut s’y cacher ! Mieux vaut faire le plus de bruit possible avant de s’installer, se retrouver nez à nez avec un sanglier ou une vipère, c’est pas chouette ! Nous observons les nids visibles depuis ici et je m'amuse même à essayer de dessiner Spits...
Au bout d’un moment, Alex nous appelle par la radio : elle n’a pas trouvé Elal au nid. Nous scrutons toute la gorge pour essayer de le repérer puisqu’il a finalement fait son premier vol sans personne mais que nous ne savons pas du tout où il a bien pu partir (la première fois, ils s’envolent et atterrissent tant bien que mal quelque part avant d’essayer de rejoindre leur nid, souvent avec difficultés). Nous finissons par le repérer juste en contrebas de son étagère après plusieurs heures de recherche ! Il essaye de remonter « à pattes » au nid, pas intelligent le vautour, surtout que c’est un beau pan de roche un peu lisse ! Nous remontons à la réserve en croisant des touristes blondes et blanches en tenues minimalistes (on voit presque les coups de soleil se faire à vu d’œil) et de jolies échinopes.
Après le repas, nous partons en catastrophe sans même avoir le temps de faire la vaisselle : Elika est appelé pour une rescue à Yehudya, nous partons avec lui. Tandis qu’il va vers le lieu du problème, nous allons au QG. Il y a beaucoup plus de monde ici, beaucoup de touristes religieux. L’attente commence, nous discutons un peu avec les gens ici, mais tout le monde est speed. Une fois le blessé évacué, nous pensons pouvoir rentrer, mais non. Un feu s’est déclenché dans le Sud du Golan, et tous les rangers de dispo sont mobilisés. Nous n’avons donc pas de chauffeur ! Nous sommes exploités un peu cavalièrement pour aider l’équipe de la réserve à vider les poubelles des parkings puis nous attendons la fermeture. Le soucis, c’est que ce soir, il y a un barbecue avec tout les employés de Gamla chez Shmulik, mais certains sont au feu, donc nous ne savons pas trop ce qui va se passer. Je m’occupe en essayant des chapeaux. J’en trouve un qui me plaît, je l’achèterais chez Idzak à Gamla (même si finalement, il n’a pas exactement le même, il faudra donc que je revienne pour l’acheter !) Finalement nous rentrons vers 19h à l’appartement, l’heure à laquelle nous sommes sensées partir et Alex doit encore faire un gâteau… Le repas est un peu compromis, mais nous irons quand même, il manquera la famille de Ira et d’Elika. Je fais la connaissance de Shiri, qui travaillait à Gamla quelques mois auparavant. Le repas est excellent, il y a des montagnes de viande grillées et de tahina (on prononce « trina »), une sorte de purée de sésame dans laquelle on peut rajouter toutes sortes de choses : herbes, légumes… Le truc, c’est que j’aime pas trop ça mais bon, impossible d’y échapper ici ! Nous rentrons vers 23h, je suis épuisée, demain, REPOS !

Jeudi 6 juillet 2006 : Dodo, repos, dodo !

Ça fait une semaine que je suis à Gamla maintenant, aujourd’hui, c’est repos ! Je dors ou comate jusqu’à 11h30, tellement je suis fatiguée. Ça fait du bien !!!! Je vais ensuite faire quatre courses, j’ai besoin de timbres et de lessive (pas facile de trouver un truc pour laver à la main parmi les étiquettes en hébreu !) avant que les magasins ne ferment pour l’après-midi. A midi, je mange deux bourakas, des feuilletés au fromage achetés à la boulangerie en passant (pas mauvais mais pas exceptionnels non plus, ça ressemble aux friands au fromage du RU en un peu améliorés). Le long du chemin pour rentrer, il y a pleins d'hibiscus rouges. En attendant 16h et l’ouverture de la bibliothèque, je fais un peu de lessive et je bouquine au frais. Il fait chaud mais le temps est couvert, on croirait presque qu’il va y avoir de l’orage (mais non, il ne pleut pas ici, je devrais le savoir maintenant !)

Vendredi 7 juillet 2006 : " I'm a poor lonesome cow-girl, and a long far way from home"

Aujourd’hui, réveil plus facile. En plus, il a fait bon cette nuit, j’ai même eu froid et dû me couvrir, trop chouette ! Alex est en congé, je vais donc aller seule en observation. Ce sera Other Side, comme ça, je pourrais faire quelques photos en route. Avant de partir, j’accompagne Ira à la cage de réadaptation. Il veut essayer d’attirer des vautours à l’intérieur pour pouvoir les équiper de télémétrie. Nous déposons un serpent mort dans la cage et je suis chargée de lancer une tortue sur le toit de la cage pour appâter les rapaces. Premier essai, oups, trop court, la tortue retombe, carapace la première sur un caillou. Des morceaux de tortue desséchée sortent par le trou, très appétissant tout ça… Heureusement, essai suivant plus fructueux, reste à voir si ça va marcher ! Je pars ensuite en observation. Il y a du vent et des nuages, c’est agréable par rapport au cagnard des autres jours. Je suis toute seule sur le chemin et je m’effraie un peu à chaque bruit ! Toujours pas envie d’observer un sanglier de très près ! Je m’arrête de temps en temps pour faire des photos, mais ce ne sera sûrement pas un succès, il y a beaucoup de vent et les oiseaux vont vite !
Vers 13h, après avoir observé rien de bien passionnant, je rentre à la réserve : c’est vendredi aujourd’hui, nous fermons plus tôt. Je suis seule ce soir, Sonia est invitée chez une amie. Idzak me propose de venir fêter shabbat avec sa famille, mais finalement, je préfère me coucher tôt puisque je suis bien fatiguée, après avoir eu la chance d'observer un beau coucher de soleil !

Samedi 8 juillet 2006 : Petite journée, lézard et chichoumée !

Ce matin, c’est comme un dimanche (ben oui, on est le jour chômé de la semaine juive), on vient me chercher seulement à 9h, ce qui veut dire 2h de sommeil en plus ! Chouette ! Comme j’ai oublié la radio de Sonia à l’appartement, je pars avec Alex à Other Side. Rien de spécial ne se passe dans les nids. Elal reste sur son étagère et continue à explorer les arbres. Je me fais un peu surprendre par un lézard qui vient fouiner sous l’abri avant de finalement se décider pour manger nos restes de poire (pourtant, elles étaient pas terribles !).
Pendant que les vautours font la sieste, je tente un croquis de la falaise en face, mais c’est bien trop compliqué pour moi ! Il fait très chaud quand nous rentrons et il n’y a pas beaucoup de vent. Nous surprenons un pic syriaque, qui est comme le pic épeiche, sauf qu’il y a quelques détails minimes qui diffèrent (mais impossible à repérer si on l’a pas dans la main !). Finalement, pour cause de soucis de voiture, je rentre à Qatzrin dès 15h30, je n’aurais même pas le temps de manger ! En rentrant, je tente de cuisiner une chichoumée (sorte de ratatouille avec que des aubergines bien confites) avec aubergines et tomates du marché. Ah, ces tomates ! De vraies tomates comme j’en mangerais des kilos chaque jour ! Des tomates goûtues, juteuses, mûres, charnues, un régal !!!!! Pendant que ça mijote, je tente un petit dessin du bulbul qui nous rend visite sur la terrasse.

Dimanche 9 juillet 2006 : gazelle et sauterelle, sandales et football

Les journées se suivent et se ressemblent ! Ce matin, départ habituel pour 7h30, mais Elika est en retard et nous passons chercher du matériel de bricolage au Shop Center. Les rituels habituels sont entrecoupés par la visite d’une jeune gazelle mâle, arrivant tranquillement par la route (moment rigolo d’ailleurs, Silvi pensait qu’il s’agissait d’un visiteur arrivant à pied !). Je pars seule pour Other Side. J’en profite pour faire quelques vidéos avec mon caméscope camelote (non, non, pour le moment, je ne les mets pas en ligne, mon commentaire est terriblement moche…). Peace, le poussin neurasthénique et fainéant est pour une fois un peu actif, c’est à noter ! Il y a beaucoup de vautours en l'air, j'en profite pour un nouveau dessin, un peu plus facile !
Je vais ensuite observer Elal et Balconi, mais aucun des deux n’est visible ! Je repère finalement le premier dans son étagère quand ses parents viennent le nourrir une demi-heure plus tard mais le deuxième est introuvable dans son nid ! Il a du s’envoler… Je passe 3h à le chercher partout sur la falaise et les environs, sans succès. Aucun indice de sa présence (vautours à proximité, parents, cris) n’est visible, et dans ces cas, qu’est ce qu’il y a de cailloux qui ressemblent à des vautours ! Je fais quelques photos pour finir ma pellicule : le développement est beaucoup moins cher en Israël, autant en profiter pour voir ce que ça donne !
Le retour à la réserve est super dur : il fait chaud et il n’y a presque pas de vent, pas facile de marcher sous le soleil dans ces conditions ! Allez hop, je me motive avec un peu de musique dans les oreilles, tant pis pour les chants d’oiseaux, de toute façon, je suis incapable de les reconnaître comme il faut ! Dans l’après-midi, rien de spécial, si ce n’est la visite d’un groupe de tennismen et tenniswomen israéliens. Elika va les guider dans la réserve et revient tout content avec des autographes. En rentrant, Elika s’arrête sur la route pour me montrer une sauterelle énorme, comme on en voit par ici : elle fait au moins 15 cm de long, avec des pattes énormes ! Dans la voiture, gros moment de rigolade : la radio passe « elle était si jolie » d’Alain Barrière… en hébreu !!! Je vais déposer ma pellicule photo au Shop Center, en essayant de me faire comprendre du vendeur qui parle pas bien anglais et qui est au téléphone en même temps ! En attendant qu’il ait fini, j’ai une conversation surréaliste avec une autre cliente au sujet de… mes sandales ! Ben oui, elles ont rien de spécial, mais elles ne ressemblent pas aux sandales que porte tout le monde ici (le modèle basique Source), et donc la dame veut savoir où je les ai acheté (Décathlon Wittenheim, oui oui, pas la porte à côté) et si c’est des sandales orthopédiques ! Mouarrrf ! Je suis seule ce soir, malgré le décalage horaire, je regarderais quand même le match de foot, sur la télé jordanienne, mais il me faut régler l'antenne interieure de la télé (d'ailleurs, j'étouffe un peu, si j'ouvre la fenêtre, ça capte plus, c'est mal foutu !)! Les chaînes israéliennes préfèrent passer de magnifiques chefs d’œuvres du grand écran, euh, plutôt des daubes en fait ! (mais bon, je ne polémiquerais pas sur les différences entre la finale de la coupe du monde et ces films, parce que en fait, je suis pas sûre qu’il y en ai tant que ça…)

Lundi 10 juillet 2006 : dodo, photos et problèmes d'auto...

La nuit fut courte et même si je me réveille juste ¼h avant de partir, c’est dur… Aujourd’hui, je pars seule en observation à Old City, on alterne. La journée est banale, presque ennuyante : les vautours ne font rien, tout le monde roupille et je m’endors quasiment, je suis bien à l'ombre et tout ! Allez zou, un petit coup de musique dans les oreilles pour me réveiller, puis je remonte assez tôt, la feuille d’observation à moitié remplie. La remontée à la réserve est terrible, y a très peu de vent, et ajouté à la fatigue, j’arrive bien crevée en haut ! Pfiou, c’est pas léger une longue-vue non plus !En chemin, je fais quelques photos d'un joli câprier en fleurs. Après-midi normale, Sonia nous rejoint en stop : elle est allée visiter un kibboutz où elle partira sûrement travailler à partir de la semaine prochaine. En rentrant, je vais chercher mes photos, elles sont bof, les couleurs sont très moches… Le gars est sympa, et c’est vrai que c’est pas cher, pour 38 NSI (moins de 7 €), j’ai mes 26 photos sur papier et sur CD, et en plus, il m’offre une pellicule 36 pauses en 100 ISO ! En rentrant à l’appartement, j’apprends qu’Ilan, un des responsables des réserves du coin a appelé pour cause de soucis de voiture. Il propose à l’une d’entre nous d’aller à Yehudya demain pour aider à nettoyer la gorge. Ça peut être sympa, j’irais donc, mais mes chaussures de montagne sont à Gamla, tant pis !

Mardi 11 juillet 2006 : cascades, balade et rigolade

Nous sommes mardi, ce matin, c’est marché ! Abricots, melons, toute sorte de légumes pour faire un ragoût et nos habituelles salades… A 8h, Ofir et d’autres rangers de Yehudya passent me prendre. Après le traditionnel thé/café/gâteaux où je fais la connaissance des autres rangers, je pars avec Ofir pour le Zavitan Stream. Il prévoit de faire le grand tour, et nous commençons par la partie haute. C’est très joli, encore bien vert par endroit.
Nous ramassons les détritus qui traînent en chemin, c’est encore relativement propre : juste des mégots et des bouteilles plastiques. Le chemin est parfois assez bizarre, genre… absent ! Certains passages nécessitent de sauter de pierre en pierre au bord de l’eau, tout en évitant les branches et tronc de laurier… Nous nous arrêtons un moment au bord d’une des piscines naturelles de la rivière, entourée d’orgues basaltiques.
C’est super joli, et les litchis frais de Peretz sont délicieux ! (je connaissais que les horreurs en boîtes qui ont goût de savon, je savais pas que c’était bon !) Finalement, nous raccourcissons le tour, pour cause de chaussures neuves douloureuses. Une fois rentrés, je me retrouve à attendre je ne sais pas trop quoi, assise sur une chaise dans l’entrée hyper climatisée. Tout le monde court dans tous les sens, et quand je demande si je peux aider à faire quelque chose, on me répond, non, c’est bon… Ilan, le manager me propose de rejoindre Morane dans Yehudya Stream. Le problème, c’est que pour y aller, il faut parfois nager après avoir descendu le long des cascades avec des échelles ! Je suis en baskets, avec un vieux treillis en grosse toile, si je me mouille, je coule ! Je vais finalement à pied jusqu’au début de la gorge, à la cascade de Yehudya.
C’est magnifique, mais il y a trop de monde, beaucoup de jeunes religieux qui visitent Israël en circuit organisé. Ça crie, ça court partout, ça nage… Et oui, les réserves ici sont vraiment spéciales… On peut nager dans les gorges, faire du rappel dans les cascades... Ça ressemble bien plus à un parc d’attraction qu’à une réserve comme nous les connaissons en France ! Il fait super chaud et il y a très peu de vent, nous ne sommes pas aussi exposé sur le plateau qu’à Gamla. Je remonte donc tranquillement et en suant. Arrivée en haut, je reçois un appel radio (après quelques doutes, certains, ici, on beaucoup de mal à dire « Claire » et pas « Clè » ou « Clèrrrrrrrrrr » !) de Morane, qui me dit qu’il m’attend en haut de la deuxième cascade, avant les passages aquatiques. Je n’ai pas le courage de redescendre ce que je viens juste de remonter, tant pis ! Je me balade un peu dans les ruines du village syrien puis je rentre à la réserve.
Je n’ai rien à faire, alors j’en profite pour aller faire un tour à la boutique et je m’achète enfin mon chapeau ! Il fait bon, je squatte donc un moment et je discute avec Choham et les rangers qui passent de temps à autre. C’est marrant, les gens qui viennent pour des renseignements ou des achats s’adressent toujours à moi, ce qui fait bien rire les autres mais moi beaucoup moins ! Vers 16h30, mauvaise nouvelle ! Il y a une rescue ! Et oui, je vais finir par croire que quand je viens à Yehudya, je ne peux plus en partir ! Heureusement que certains ont des idées pour faire passer le temps… Foot jusqu’à ce que ça devienne trop dangereux (comment dire… euh, non rien !), basket avec la poubelle comme panier, puis bataille de glaçons, quelqu’un ayant gentiment dégivré le congélo des glaces ! Nous rentrons à Qatzrin vers 19h15. Sonia rentre juste après moi, elle était aussi bloquée à la rescue. La soirée sera courte et tranquille, vu les évènements de la journée.

Mercredi 12 juillet 2006 : Explications, ébullition et mijotation

Journée banale… Départ normal, matinée normale… Nous sommes toutes les 3 à Gamla, je pars avec Alex pour Other Side mais je m’occupe des 2 premiers arrêts tandis qu’elle va au troisième. Je reste plus d’une heure à observer Peace, qui est plutôt actif par rapport à d’ordinaire. Un groupe de touristes religieux m’observe et se décide à me demander ce que je fais. Je ne parle toujours pas hébreu, un seul du groupe comprend l’anglais, mais je leur réponds que j’observe un nid de vautour avec un jeune. Ils me demandent si ils peuvent regarder. Comme ils ne sont que cinq et que je m’ennuie un peu, je règle la longue-vue et je les laisse observer. Leurs réactions sont amusantes : ils s’attendent à voir un oisillon et s’étonnent devant la taille du « poussin », qui est quasiment celle d’un adulte, c'est-à-dire 1m de haut pour une envergure de 2,5 à 2,8m en moyenne ! Je réponds comme je peux à leurs questions sur les vautours et ce que je fais, volontariat et observations. Après leur départ et une bonne demi-heure de sieste de Peace, comme j’ai fini d’écrire mes cartes postales, je me déplace au deuxième arrêt. Il fait toujours chaud, il n’y a toujours pas d’ombre et en face, les trois poussins font la sieste ! Heureusement qu’Alex vient me rejoindre un peu plus tard, je bous (ben oui, entre le grill et la cuisson à l’étouffée en chemise blanche, j’ai choisi le moins pire !) et j’ai presque fini mes 2L d’eau de la matinée, et je regarde les cascades avec envie...
Dans l’après-midi, rien de spécial. Nous allons faire quelques courses en rentrant à Qatzrin pour le repas de demain soir : Sonia et Alex ont invité Shiri et sa famille. Ce sera un ragoût poulet légumes du marché qu'on fait mijoter toute la soirée.

Jeudi 13 juillet 2006 : Aléas, pizzas et Hezbollah

C’est jeudi, je me repose ! Je me réveille tôt (vers 9h !!!) pour aller à la bibliothèque ce matin… seulement voilà, la bibliothèque est fermée le jeudi matin, je ne pouvais pas deviner, les horaires sont en hébreu et en russe… Je passe donc à la banque, à la Poste (là aussi, des petits problèmes de compréhension me font bloquer le guichet : la postière ne parle pas bien anglais et je veux acheter une carte téléphone) et faire deux-trois courses avant de rentrer faire ma lessive, un peu déçue. Je dégivre aussi le congélo, chose passionnante mais surtout très agréable quand il fait chaud ! Surtout que 5cm de givre sur toutes les parois, ça prend de la place !
Du laurier rose, qu'on trouve partout en ville et au bord des rivières
Vers 13h30, Ilan passe me chercher pour aller à Gamla : ils ont prévu une petite fête pour le départ de Sonia et d’Alex. Il fait bien meilleur à la réserve qu’à Qatzrin, il y a du vent. Nous mangeons des pizzas et je reçois, comme les autres un t-shirt « Gamla » avec un vautour. Il est de tradition de les faire signer par tout le monde. Nous apprenons aussi les derniers évènements avec le Hezbollah. Des roquettes sont tombées sur deux villes, à 20 et 30km de Qatzrin ! Pas très rassurant… Nous rentrons tôt, après que Peretz nous ait baladé dans la campagne : d’abord dans une zone militaire pour fermer la barrière de la réserve, mais demi-tour en vitesse : les exercices militaires ne sont pas finis !! Puis près d’une ferme, où une cage sert à la régulation des populations de corneilles, pour y déposer du poison. Juste à côté de nous, une carcasse de cheval attend sur une charrette le diagnostic médical. Avec cette chaleur, l’odeur est tout à fait charmante ! Je fais un tour à la bibliothèque, afin de lire en français les dernières news puis j’appelle en France pour rassurer tout le monde. Nous attendons nos invités en préparant la terrasse avec les moyens du bord, drap en nappe et couvertures en coussins. Le téléphone n’arrêtera pas de sonner toute la soirée. Le ragoût est bon et le repas sympa, même si nous entendrons en continu avions et bombardements…

Vendredi 14 juillet 2006 : bombardements, damans et tristes évènements...

Nuit plutôt agitée… Aviation et bombardements n’arrêterons pas. C’est loin, mais ça fait du bruit quand même ! A Gamla, un groupe de religieux attendent à la porte pour rentrer, mais le reste de la journée sera plutôt calme. Nous essayons de nous informer sur la situation des environs, mais pas beaucoup d’infos. Peretz va récupérer une deuxième cigogne blessée, qui rejoint celle déjà récupérée au cours de la semaine. Je pars pour Other Side, je resterais à Peace et Cave. En dehors du doux chant de l’artillerie, rien de bien intéressant. Je découvre par hasard deux damans des roches en bas de la falaise. C’est une bestiole très bizarre, la taille d’une marmotte, la tête d’un ours et les petites pattes, qui est proche phylogénétiquement parlant du rhinocéros et des équidés !
photo trouvée sur wikipédia
Je vois aussi 3 sangliers de l’autre côté de la gorge, juste en face de moi. Encore de sacrés morceaux, c’est trois énormes mâles. Nous rentrons tôt, il n’y a pas beaucoup d’activité, et c’est vendredi. Nous discutons dans l’après-midi avec les rangers par rapport aux évènements. Il est vrai que les gens ici ont l’habitude de ce genre de situation (même si certains sont plus inquiets qu’ils ne le laissent paraître) et sont surtout sûrs des droits de leur pays.

Samedi 15 juillet 2006 : habitudes et inquiétudes...

Malgré les bruits, la nuit est plus tranquille. Nous partons seulement vers 8h à Gamla, luxe ! A la réserve, personne… Les touristes se font rares, même si certains, un peu de mauvaise foi disent que c’est à cause de shabbat ! Nous parlons un moment, du fait de la situation. C’est assez étrange, pour la première fois dans ce genre de situation je suis plus concernée, je vois toutes sortes de détails et j’entends du bruit toute la journée, mais cela ne m’inquiète pas plus que ça. Peut-être justement parce que je n’ai pas l’habitude… Je pars pour Other Side. C’est calme, calme, désespérément calme… Je n’ai pas grand-chose à faire, je m’amuse un peu avec mon appareil photo puis je rentre plus tôt : les parents veulent m’appeler à la réserve. Entre temps, j’apprends que Tibérias a été touché par des roquettes. Ça fait un peu un choc à tout le monde à la réserve, c’est une grande ville et pas à la frontière. Après discussion téléphonique, nous convenons que je rentre lundi en France. J’aurais préférer avoir encore quelques jours, au moins histoire de dire au revoir à tout le monde, mais je comprends, ma présence n’est pas vitale ici et la famille a le droit de partir en vacances tranquille ! En rentrant à Qatzrin, nous rendons visite à la mère de Almhog, qui travaille au kiosque d’Itzhak. Elle est d’origine marocaine et ravie de parler un peu français. Nous discutons un moment.

Dimanche 16 juillet 2006 : Adieux

Aujourd’hui, je suis seule à Gamla. Malgré les évènements, Sonia part travailler dans un kibboutz. A la réserve, il n’y a pas grand monde qui travaille, vu que c’est très très calme. Seulement 38 visiteurs dont un groupe de 22 italiens qui ont pour habitude de venir prier dans l’observatoire… Je pars en observation à Other Side. Il fait de nouveau très chaud et la matinée est longue : pas d’activité, personne avec qui tchatcher à la radio…
Après avoir mangé, je descends visiter les ruines de la vieille cité : je veux quand même y faire un tour avant de rentrer !!! Avec les pierres, les plantes sèches et l’absence de vent, c’est tout juste supportable par moments ! Vive la poche à eau. Je fais le tour des ruines, depuis la brèche dans le mur par laquelle sont rentrés les méchants romains (c’est un peu écrit comme ça, mais bon, ça a quand même été reconstruit/redémoli depuis !), jusqu’aux quartiers d’habitations en passant par la synagogue.
Je fais l’effort de monter au sommet de la bosse. La vue est magnifique sur la gorge et sur le lac de Tibériade.
De retour au bureau, je rassemble mes affaires : je ne sais pas si je reviendrais à la réserve, même si je dois être qu’à 14h à l’aéroport. Je fais signer mon t-shirt par Shmulik et Silvi, avant de rentrer à Qatzrin. Je vais faire quelques courses pour ramener : des pitas, du sroug (une préparation à base de piment et d’ail), du Za'atar (mélange d’herbes aromatiques et de sésame), des biscuits au sésame, de la pâte de tahina et une bouteille de riesling « Gamla ». En rentrant, je fais mon sac, entrecoupé de nombreux coups de fils : Sonia me raconte sa première journée au kibboutz, Ilan pour me tenir au courant quand à mon départ (multiples malentendus et soucis…) et Ira pour me dire au revoir. Finalement, j’apprends que l’ont viendra me chercher à 5h45 demain matin !!!

Lundi 17 juillet 2006 : Voyage retour

La nuit sera courte… Bruits aériens, mais aussi attaques de moustiques et voisins bruyants, la totale ! Je range mes dernières affaires et je passe un coup de balai dans la chambre avant de partir : on ne sait pas qui sera les prochains volontaires à utiliser l’appart ! On passe me prendre à l’heure prévue, direction je ne sais pas où mais dans le but d’aller à l’aéroport. Au bord du lac de Tibériade, lever de soleil dans la brume, ambiance très étrange.
Finalement, je me retrouve au bord de la voie rapide au niveau de Netanya, à prendre le bus ! Le périple commence… Ce bus est plein de militaires, certains plus jeunes que moi (garçons et filles font le service militaire à 18 ans) et est sensé m’amener à Tel Aviv. Je visite donc la ville en bus, en espérant que la gare routière est bien le terminus ! Après un premier contrôle à l’entrée de l’enceinte, nous arrivons au terminus, sur 6 étages. Pour rentrer dans le bâtiment, nouveau contrôle, j’ai même droit à une fouille de mon gros sac de voyage…
J’ai à peine déjeuner ce matin, je décide donc de regarder pour me trouver quelque chose qui ferait l’affaire. De nombreux stands font des sandwichs alléchants, mais ils y mettent à chaque fois minimum 2 cm de tahina de chaque côté… Rien que d’y penser, aussi matinalement, bof bof bof… Je trouve finalement des bourrakas qui me tentent plus et je prends le bus pour l’aéroport. Encore 40 minutes de bus. Nous faisons 3 fois le tour de l’aéroport, avec des arrêts en pleine nature ou à des carrefours. Nous longeons aussi une base militaire dont j’ai le temps d’observer le système de protection : deux clôtures électrifiées, une montagne de barbelé sur 3-4m puis une « main courante » où sont attachés des chiens, avec une niche tous les 50m !Hé ben…
Je ne sais pas du tout où je dois descendre, heureusement une grand-mère qui ne parle pas un mot d’anglais me fait comprendre que c’est la prochaine, tandis que son voisin me dit que non, c’était l’arrêt qu’on vient de passer !!!! Finalement, la grand-mère avait raison, sauf que l’arrêt suivant est dans une zone commerciale, loin de l’aéroport ! En fait, je dois prendre un autre bus pour aller à l’aérogare ! Après une nouvelle fouille du bus à l’entrée de l’aéroport, j’arrive à bon port à 9h30, j’ai encore le temps avant de prendre l’avion ! Je m’occupe d’abord de récupérer mon billet puis d’appeler à Gamla pour dire que je suis bien arrivée. Je zone ensuite dans l’aéroport pour trouver un coin où me mettre. C’est immense, tout beau, tout propre, mais pas une salle ou zone d’attente avant le check-in !
Finalement, après avoir fait 3 fois le tour en traînant mon gros sac, je me pose à un bar qui met à disposition des ordis… Je commande un granité aux fruits de la passion et je squatte les deux heures avant d’enregistrer. L’enregistrement n’est pas triste : interrogatoire comme en arrivant (pourquoi je suis venue ici, pourquoi Israël, ai-je fait mon sac toute seule, ai-je vraiment fait mon sac toute seule, personne ne m’a aidé à faire mon sac, personne ne m’a donné quelque chose à emporter…), multiples contrôles de sécurité et fouilles, je me retrouve avec des étiquettes de partout : sacs, sacoche, ma personne…
Enfin, après deux derniers contrôles, j’ai mon visa de sortie et je peux me poser en face de la salle d’embarquement. Je suis déjà crevée, il est à peine 13h, alors je fais une petite sieste. Le hall se remplit, comme à l’aller, il y a toute sorte de gens, mais un peu moins de religieux et de familles. On voit tout de même quelques personnes prier devant les murs ou les piliers ultra-modernes de l’aéroport.
L’embarquement se fait à peu près à l’heure, je suis une fois de plus tout derrière, mais à la fenêtre. Ma voisine est une russe, qui va rendre visite à sa famille pour l’été. Elle ne parle quasiment que russe et hébreu, je ne parle ni l’un ni l’autre mais nous rigolons bien à essayer de communiquer ! Le repas est plus horrible qu’à l’aller (il y a même des cornichons cuits, c’est terrible…) et le film moins pitoyable (« la rumeur court »). Nous survolons Rhodes, les îles grecques et la plaine du Danube.
J’essaye de dormir mais un groupe de sale gosses pas encadrés hurle et court partout… J’arrive à Frankfort épuisée, pour constater que ce groupe est aussi dans l’avion pour Bâle !!!! Finalement, j’arriverais à l’heure (et même en avance !) à l’aéroport. Je n’en peux plus, je m’effondre dans la voiture et hop, direction l’Autriche pour me reposer en vacances.